Avant-propos: L'auteur de ces lignes n'étant pas un spécialiste des systèmes ferroviaires, il s'agira moins d'analyser le type de locomotive utilisé que ce qui se passe dans les scènes évoquées et ce qu'elles représentent.
Avertissement: Les paragraphes suivants contiennent des spoilers par rapport à plusieurs films des studios Ghibli. Même si j'ai essayé de les réduire au minimum et de les signaler pour les films les moins connus, il est recommandé de ne pas lire certaines entrées si vous n'avez pas vu les films en question.
"Les publications en mode top 10 à la Topito, c'est naze, ça repose sur des affects nuls et ça se consomme à la chaine sans qu'on en retienne rien" L'auteur de cet article, il y a quelques années.
La récente diffusion sur FranceTV de plusieurs classiques du célèbre studio d'animation Ghibli et pas toujours les plus connus, m'a donné envie de revenir sur ces films par un angle moins habituel.
Si une des premières choses qui vient à l'esprit lorsqu'on évoque les transports chez Ghibli, c'est l'aviation chère à Hayao Miyazaki, les trains, tramways, métros et autres véhicules sur rails, sont bien présents. Un peu comme pour prendre le relais lorsque le vol ne marche plus et c'est pas Porco Rosso qui dira le contraire lors de son périple à Milan pour réparer son appareil, pour une courte scène ferroviaire.
D'ailleurs, dès les débuts du studio, et on va y revenir, jusqu'à leur film le plus récent, le Garçon et le Héron, les trains sont bien représentés à l'image. Ou presque puisque pour le dernier film en date justement, lors de la scène de générique amenant Mahito à la campagne, on ne voit pas de locomotive à proprement parler, mais on aperçoit bien sa fumée, on l'entend et on arrive bien à une gare, comme si l'important était ailleurs.
Puis, contrairement aux avions et autres machines volantes, thématiques importantes pour Hayao Miyazaki, les transports ferroviaires sont à l'honneur dans les films de quasi tous les autres réalisateurs. Si on met de côté les films trop lointains dans le temps, que ce soit dans le passé (Princesse Mononoke, le Conte de la Princesse Kaguya, les Contes de Terremer) ou dans le futur (Nausicaä), presque tous les films du studio ont des trains. Et à vrai dire, il y en a tellement que je ne suis pas le seul à m'y être intéressé.
Des trains chez Ghibli, il y en a de manière furtive, où il ne faut pas cligner des yeux pour ne pas les rater, comme lors de la deuxième apparition du chat-bus dans Mon Voisin Totoro ou lors de l'arrivée très dansante des Anciens à Tokyo dans Pompoko de Isao Takahata, ou de manière plus insistante dans l'ouverture de Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondō, et on va y revenir.
Il y en a dans des séquences fantasmées, comme sur la séquence "Que Sera, Sera" dans Mes voisins, les Yamada de Isao Takahata en arrière plan; dans des scènes mêlées à de la magie comme le dragon se transformant en train sur la procession des esprits dans Pompoko encore; pour donner des envies d'ailleurs comme celui passant devant la fenêtre de Sophie dans le Château Ambulant ou celui passant au loin dans le Voyage de Chihiro; ou encore pour dire la monotonie du quotidien comme sur le passage très "Métro, boulot, dodo" à la fin de Pompoko toujours.
Mais, alors pourquoi autant de trains chez Ghibli?
Je pourrais être tenté de rapprocher cette multitude de transports en commun, à la base plutôt populaires, avec les engagements à gauche des fondateurs, mais cette explication serait un peu tirée par les cheveux en plus d'être malhonnête. D'autant plus que la vraie raison est plus terre à terre.
Comme le rappelle Bolchegeek en vidéo, les films de Hayao Miyazaki et par extension du studio qu'il a fondé, ont un rapport très pragmatique avec leur univers, et se basent donc sur une réalité tangible, qu'ils soient fantaisistes ou non. Et pour le coup, le réseau ferroviaire japonais a une histoire ancienne, longtemps réputé de bonne qualité, avec entre autres réussites le Shinkansen, premier train à grande vitesse au monde, concurrent du TGV.
Cela dit, certains Ghibli ne se passent pas dans un contexte japonais mais européen comme l'a analysé M. Bobine avec le CinématoGrapheur en vidéo. Et le constat reste identique, le réseau ferroviaire y était efficace, parfois même au niveau local, pendant un temps, avant que soit des politiques de privatisation aient des conséquences désastreuses, soit des réductions drastiques de moyens couplées à une ouverture à la concurrence faussée aient des effets similaires.
Et ce tour d'horizon, qui ne fait que gratter la surface, nous a donné des envies de classement, pour paraphraser une célèbre émission. Et donc, on embarque comme Sophie qui s'agrippe au tram dans le Château Ambulant, pour mon top 10 des scènes de train chez Ghibli.
Numéro 10
Le train comme passage d'un décor urbain à un autre plus champêtre est une idée qu'on a pu retrouver quelques fois chez Ghibli et notamment dans Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi.
On peut voir rapidement sur la fin Yoriko rejoindre sa famille lors de son arrivée à la gare, et surtout, au début du film, le voyage d'Anna, après une introduction éprouvante et avant de rencontrer des cousins débonnaires qui vont l'héberger à l'arrivée. Un voyage somme toute paisible, avec les conseils de sa mère passablement inquiète au départ du train, ressemblant à un Shinkansen, qui accompagnent Anna, regardant le paysage défiler devant elle, passant de la ville à un bord de mer verdoyant. Une idée de calme après la tempête, avant de rentrer au cœur de l'intrigue.
Numéro 9
Alors oui, Je peux entendre l'océan de Tomomi Mochizuki, connu pour avoir travaillé sur Ranma 1/2, n'est pas le film le plus ambitieux produit par Ghibli et d'ailleurs, faits assez rares pour être notés, il a été initialement diffusé à la télévision japonaise et à l'écriture des ces lignes, c'est le seul film du studio à ne pas avoir de doublage officiel anglais (mais bien un français), mais il est loin d'être désagréable.
Dans une veine réaliste, on y trouve logiquement un tram à Kōchi, la ville d'origine de Taku, le héros, puis le métro lors qu'il accompagne sa camarade Rikako à Tokyo. Mais les scènes les plus marquantes impliquant des transports sur rails sont en ouverture et en conclusion du film.
Soit d'abord, Taku attendant le métro à Tokyo, puis semblant reconnaître une jeune femme sur le quai d'en face, qui disparait lors du passage d'une rame.
Attention début de spoilers
Puis, lors des différents flashbacks on apprend qu'il s'agissait bien de Rikako, une de ses amies de lycée dont il était amoureux.
Donc, lors de la scène finale en miroir de l'ouverture, Taku reprenant le chemin du métro, avant de reconnaître, une fois sur le quai, Rikako attendant en face et de s'élancer à sa rencontre pour des retrouvailles finales très sympathiques.
Fin de spoiler
Certes, rien de follement original dans ces scènes, où s'est glissé un clin d'œil à Miyazaki, mais une simplicité assez efficace à l'image du film.
Numéro 8
Bien que ce ne soit pas forcément évident quand on évoque Kiki, la petite sorcière, il y a bien quelques scènes de train dans le film de Hayao Miyazaki.
Déjà, on peut voir des trams dans Koriko, la ville où s'établit la sympathique sorcière, dont le style marque clairement l'après-guerre en Europe, posant ainsi le cadre de l'histoire. Et d'ailleurs, on verra l'héroïne, une fois son balai brisé, se rendre chez Madame et Bertha en tram, reprenant ainsi l'idée du train comme relais du vol qu'on a vu avec Porco Rosso.
Idée qu'on retrouve sur une scène plus près du début du film. En effet, lors du périple de Kiki en balai, le temps n'est pas aussi clément que prévu, un orage éclate, alors l'adolescente et Jiji, son chat, trouvent refuge dans un wagon, qui finira par les emmener jusqu'à Koriko.
Mais entre les deux, la jeune fille s'endort dans un tas de paille, avant que le train ne se mette en marche. Le matin venu, on découvre que le foin était en fait disposé sur un filet en dessous duquel se trouvent des vaches. Elles découvrent alors la sorcière et la réveillent en lui léchant les pieds. Celle-ci rit au contact des chatouilles et s'empresse alors de s'excuser auprès des occupantes du wagon. Une scène particulièrement mignonne, où les animaux sont des personnages à part entière, complètement dans le ton du film.
Numéro 7
On peut argumenter pendant longtemps que Gorō Miyazaki souffre de la comparaison avec son père, mais il serait malhonnête de dire que la Colline aux coquelicots qu'il a réalisé n'est pas une réussite.
On y voit des trains lors de trois scènes, étonnamment rapprochées dans le film. D'abord, les trois représentants des élèves, Umi, Shun et Shirō, qui se rendent à Tokyo en train, pour convaincre le président du conseil d'administration de leur lycée de ne pas détruire leur maison des associations, le "Quartier latin".
Puis, une fois leur entrevue passée et que Shirō soit resté chez des parents, le retour d'Umi et Shun à Yokohama, dans une ambiance crispée, avec une jolie séquence où la jeune fille regarde le paysage défiler.
Enfin, et c'est là où je voulais en venir, une fois de retour dans leur ville d'origine, les deux adolescent.e.s attendent le tram. Alors, qu'une rame arrive, Umi veut parler à Shun, hésite d'abord et se lance alors dans une déclaration, peut-être pas la plus maîtrisée qui soit mais touchante de sincérité. Son ami lui confirme qu'il éprouve les mêmes sentiments avant qu'elle ne rentre dans le tram. Une très jolie scène où il est complétement autorisé de verser une petite larme.
Numéro 6
(CW: mort d'enfants)
Vous avez sans doute deviné de quel film il s'agissait avec l'avertissement: le Tombeau des Lucioles de Isao Takahata.
Au milieu de la guerre, on voit des trains, comme les rames de tram calcinées après le premier bombardement, des rails au milieu des décombres, mais aussi des wagons qui marchent et que les personnages prennent lors de scènes-clé.
Soit, une courte scène où Seita et Setsuko se rendent à la banque après une dispute avec la tante les hébergeant, où le garçon se dit qu'il n'a nulle part ailleurs où aller.
Puis, une scène où il ramène les cendres de sa mère dans un train particulièrement bondé sous le regard d'un personnage que l'on connait, mais on va y revenir…
Et surtout, la scène d'ouverture très difficilement soutenable se déroule dans une gare, où Seita rend son dernier souffle, entouré d'autres enfants affamés. Ensuite, un homme trouve une boîte en fer sur lui, la jette à l'extérieur… avant que les esprits des deux protagonistes émergent, la ramassent et avec un air paisible qui tranche avec le reste, prennent un train qui va leur faire revivre les événements qui les ont amené à leur fin prématurée comme des observateurices extérieur.e.s. L'idée donc du train comme un voyage de retour dans la vie, une respiration bienvenue dans un film ô combien éprouvant.
Numéro 5
Quand on évoque le Château dans le Ciel, premier film produit par Ghibli, on pense immédiatement aux formidables machines volantes imaginées par Hayao Miyazaki et ses équipes, alors qu'il y a aussi, plus discrets certes, des transports ferroviaires.
Déjà, le contexte minier, inspiré par des travailleurs du Pays de Galles, implique la présence de chariots et de rails que l'on peut voir sur plusieurs scènes, ainsi que plus furtivement, un train dans les sous-sols de la forteresse investie par l'armée.
Mais, la grande scène de trains dans le Château dans le Ciel, c'est bien évidemment la fameuse course-poursuite. A savoir, Sheeta et Pazu, pourchassé.e.s par Dolla et sa bande, qui s'enfuient en montant dans une locomotive en marche. Mais les pirates ne se laissent pas impressionner et foncent avec leur automobile droit dans les rails, quitte à ce qu'ils s'effondrent sur leur passage. Après quelques péripéties rythmées, les enfants pensent gagner du terrain sur leurs ravisseurs, avant de tomber sur un convoi militaire et que les choses se gâtent…
Un morceau de bravoure qui rappelle que même si ce n'est pas à la première chose à laquelle on pense quand on évoque Ghibli, le studio est capable de produire des scènes d'action d'anthologie.
Numéro 4
Le film qui contient le plus de scènes ferroviaires est ironiquement aussi une ode à l'aviation: Le vent se lève de Hayao Miyazaki. A un tel point, que la chanson du générique de fin, pendant lequel on aperçoit un dessin de compartiment de train, s'appelle Vapor trails. Et on peut se demander si ce n'est pas une manière de souligner différents aspects de l'histoire.
On trouve des trains dans les séquences de rêve et ce dès le début. Soit, le songe de Jiro après une virée en avion finissant par une chute mortelle dans un champ pendant qu'une locomotive passe à côté, comme un sombre présage. Puis, lors de son voyage en Allemagne, une autre scène de cauchemar tout aussi saisissante où Jiro erre dans un paysage enneigé, jusqu'à ce qu'un train le rejoigne. Alors qu'il tente de s'en approcher, un avion aux couleurs du Japon s'écrase en plusieurs morceaux à ses côtés. Et pour finir sur une note plus légère avec les scènes oniriques, il est rejoint par Caproni dans un wagon lors que l'italien l'invite à assister à son dernier vol.
On voit aussi des trains dans un contexte plus réel voir réaliste, comme pour marquer l'époque. Très tôt dans le film, on aperçoit une locomotive passer dans la ville natale de Jiro, pourtant rurale, indiquant qu'avant l'avènement de l'aviation, c'était bien le transport principal. Puis, lors du voyage de Jiro pour rejoindre l'usine de Mitsubishi à Nagoya, la rencontre avec des paysans en exode sur la voie ferrée pour trouver du travail dans un Japon en crise. On aperçoit aussi des lignes de tram à Nagoya que Jiro prend pour rentrer du travail et pour être tout à fait complet, il y a une courte scène de train en Allemagne, histoire de montrer l'importance du rail à l'époque.
Un souci d'ancrer le film dans l'époque qu'on retrouve lors du voyage de Jiro à Tokyo pour y étudier, qui se finit par le terrible séisme de Kantō de 1923, donnant lieu à une impressionnante scène de catastrophe.
Mais juste avant ça, on assiste à la scène qui donne son titre au film. Jiro, dans un wagon seconde classe bondé, laisse sa place à une dame et sort du wagon pour prendre l'air et lire un peu. Alors qu'une jeune fille sort du compartiment de première classe à côté, son chapeau est emporté par le vent, elle le rattrape, non sans se mettre en danger. Puis, iels échangent le fameux vers de Paul Valéry, "Le vent se lève, il faut tenter de vivre", en français dans la version originale. Après que la jeune fille ait regagné sa place, Jiro répète ce poème, l'air songeur, sur les notes de piano délicates de Joe Hishaishi. Une très belle scène de rapprochement inter classe dans au moins deux sens du terme.
On pourrait s'arrêter là et ce serait déjà très bien, mais j'ai gardé sous la main quelques scènes qui illustrent un dernier fil conducteur initié par cette fameuse séquence et attention spoilers: l'amour entre Jiro et cette femme dont on ne connait pas encore le nom à ce moment du film. Pour l'anecdote, cette partie est directement inspirée du roman du même nom de Tatsuo Hori qui a servi de base à Miyazaki.
Et ce n'est pas un hasard si le désormais brillant ingénieur se rend en train en vacances à Karuizawa, où il retrouvera la jeune femme, Nahoko, dont il va continuer à se rapprocher jusqu'à la demander en mariage.
De même, lors qu'il apprend que la santé de Nahoko se dégrade, il part sur-le-champ la retrouver en prenant l'express de Tokyo, alors qu'il est recherché par la police. Et pendant, qu'il continue à travailler accroupi dans son wagon, il ne peut s'empêcher de laisser échapper des larmes sur ses feuilles de calcul, pour une belle séquence d'émotions. D'ailleurs, une fois à la capitale, on le voit sortir du tram pour rejoindre sa maison.
Lors de sa fuite du sanatorium, Nahoko rejoint Jiro à Nagoya en train, pour une scène de retrouvailles bouleversante à la gare.
Enfin, lors que son état de santé devient critique, Nahoko tente un dernier retour au sanatorium, toujours en train, lors d'une scène déchirante.
Ainsi, les transports ferroviaires dans Le vent se lève se retrouvent à la fois dans l'imaginaire, la réalité et les sentiments de Jiro Horikoshi, donnant ainsi une profondeur particulière au pionnier de l'aviation.
Numéro 3
Un autre film où on voit beaucoup le train, mais moins connu que la plupart des Ghibli, Si tu tends l'oreille de Yoshifumi Kondō. Un film ancré dans le Tokyo des années 90, avec un tel souci de réalisme qu'un internaute a compilé les différents lieux vus dans le film en vidéo.
Ce n'est donc pas surprenant qu'on y voit beaucoup de trains, notamment des métros, dès le générique comme évoqué en intro, et tout au long de l'histoire. On remarque entre autres, une scène qui revient quelques fois: voitures et piétons arrêtés au passage à niveau pendant le passage d'une rame de tram.
Les protagonistes prennent le train lors de quelques séquences importantes. Notamment, Nishi lors d'un flashback où il est obligé de fuir la guerre, laissant derrière lui des regrets. De même, Shizuku, l'héroïne, après une discussion difficile avec un camarade de collège, prend le métro pour se rendre à un endroit qui la réconfortera.
Mais, la scène de train la plus marquante dans le film est bien évidemment le premier voyage en métro. Soit, Shizuku, bien habillée pour l'occasion, qui quitte son quartier modeste de Tama pour amener le déjeuner à son père, bibliothécaire sur une colline surplombant Keio. Puis, lors du trajet, l'apparition d'un chat, à l'allure nonchalante, que celleux qui ont vu le Royaume des chats reconnaîtront, qui prend place sur un siège. Alors, l'adolescente le questionne comme elle le ferait avec un humain, mais se heurte au flegme du félin. Au moment de descendre, elle pense lui faire ses adieux avant que le matou la devance. Commence alors, une poursuite qui l'amènera dans un quartier huppé jusqu'à la boutique de Nishi, lieu qui stimulera son imagination.
Une très jolie scène qui marque le début du voyage initiatique de Shizuku, et pas que, qui concilie deux facettes du film, à la fois hommage à Tokyo et ode à la créativité.
Numéro 2
Un autre film dans la veine réaliste et injustement méconnu du catalogue de Ghibli, Souvenirs goutte à goutte de Isao Takahata.
Taeko, jeune femme travaillant dans un open space à Tokyo dans les années 80, décide de passer les vacances à la campagne, et de s'y rendre en train, pendant que son enfance lui revient en mémoire. Donc, le couloir de son wagon-couchette se confond avec celui de son école primaire, à un tel point que l'on voit des enfants courir dans le compartiment, comme pour indiquer la confusion de la jeune femme.
Mais ce sentiment semble s'estomper dès son arrivée en gare et sa rencontre avec Toshio, jeune homme serviable quoiqu'un peu maladroit, dont la famille va héberger Taeko pendant son séjour, comme si elle se trouvait enfin à sa place.
Cela ne va malheureusement pas durer, vu que, spoilers, participant à la vie en communauté à la campagne, elle se retrouve face à un dilemme: rentrer à Tokyo et continuer sa vie ordinaire ou rester participer à un mode de vie dans lequel elle se retrouve.
Alors qu'elle se donne le temps de la réflexion en rentrant à la capitale en train, que les crédits du générique de fin apparaissent et que l'on pense donc que le film se termine, commence une scène que j'aime particulièrement. Taeko est perdue dans ses pensées, mais bientôt rejointe par les souvenirs de son passé sous les traits de ses camarades de classe, qui l'aident à prendre sa décision, le tout sur la très belle reprise de The Rose par Harumi Miyako. Une séquence magique que je conseille de voir dans sa longueur.
Numéro 1
Et bien sûr, l'évidence de l'évidence… le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki.
On découvre la ligne de train lorsque l'héroïne tente de rejoindre les sous-sols des bains de Yubaba pour y trouver du travail, une fois la nuit tombée. Puis, elle revoit la locomotive, une fois employée par la sorcière, après une journée de labeur, rouler sur l'eau vers des lumières lointaines, comme une possibilité d'ailleurs…
Un ailleurs qui va devoir se concrétiser, passant donc par un voyage ferroviaire.
Après des péripéties mouvementées, Chihiro va devoir se rendre chez Zeniba, sœur de Yubaba, dans l'espoir d'aider son ami Haku. Elle est accompagnée d'une équipée fantastique composée du Sans-Visage, de Boh et de l'oiseau de Yubaba, ces deux derniers transformés respectivement en souris et en mouche.
Ce groupe improbable prend donc le train jusqu'à la fameuse sixième station, pour une des plus belles scènes qu'ait produit Ghibli. Les personnages assis au milieu d'ombres à la fois si étranges et si familières, pendant que le train traverse des paysages à la beauté spectrale sur une des meilleures partitions de Joe Hisaishi. Une respiration à la fois sereine et mélancolique dans un film riche en rebondissements. Une scène culte, où la fantaisie décrit la monotonie de la vie moderne. Une scène que l'on peut regarder en boucle sans jamais se lasser.
C'est donc tout ça le train chez Ghibli, des scènes d'apparence anecdotique, mais au-delà de la recherche d'ancrage dans le réel, c'est aussi une belle palette d'émotions, allant de l'amour à la mélancolie en passant par l'excitation de l'aventure ou le désespoir, ce sont des idées du monde, des façons de faire de l'animation et donc du cinéma.
Bref, je ne conseillerai jamais assez de découvrir ou redécouvrir ces très belles scènes, en espérant que ni le temps qui passe, ni les grossières tentatives d'imitation par des géants de l'IA générative, n'en altèrent la poésie.
Voilà, c'était mon premier article en utilisant Leaflet, j'espère que le rendu final est bon et qu'il vous a plu. N'hésitez pas à venir en parler sur Bluesky, si vous en avez envie.